C'est Camille qui en parle le mieux :
« Je voulais faire un disque protestataire.
Je voulais dire Non. Et voilà que je dis OUÏ.
Dans OUÏ il y a tout : la rondeur du O. l'ouverture du U. la droiture
du Ï.
Tout ce que je souhaite dire, être et devenir.
Aucun obstacle au chant des voyelles, au battement du cour, du OU au Ï,
de l'obscurité à la lumière, du grave à l'aigu, de la terre aux nues, du
tambour à la voix, de lui à moi.
Et au bout du labeur le Ï tout OUÏ et ses deux poings levés vers le
ciel. »
Où était donc passée Camille ?
Le manque grandissait peu à peu depuis son dernier concert à l’Olympia,
le 24 octobre 2012, qui venait conclure la très intense tournée de l’album Ilo
Veyou.
Nous avions laissé Camille virevoltante et magnétique, le corps en transe,
transformant le music-hall parisien en temple de chants et de danses
improvisées et libératoires.
Partie près d’Avignon, Camille voulait se baigner de lumière et
s’ouvrir à d’autres champs vibratoires. Autour de la voix lead : un tambour, un
chœur rythmique, et un chœur lyrique.
C’est de cette troïka originelle que vont naître les chansons.
La voix et les mots s’imbriquent, se questionnent, s’interpellent et se
fondent. C’est un travail long et précis. Mais on sent la vigueur du mouvement
qui habite chaque chanson. Cherchant à l’infini la précision sur le timbre, sur
sa sonorité et ses possibles échappées soprano qui ne s’accordent guère
d’habitude avec le terrain de cette pop que l’on pourrait qualifier
d’intimiste. La confrontation des temps a produit cet album profondément
contemporain mais aux racines si anciennes qu’il devient l’incarnation sonore
de l’intemporalité. Une ultra modernité universelle dont la couleur dominante
serait l’indigo. La septième couleur de l’arc-en-ciel. Comme le nombre de notes
de la gamme musicale.
Chez Camille tout est décidément musique.
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