
Cette exposition évoque le mouvement, le mouvement du regard porté sur les lieux qui nous entourent. Des endroits laissés par d’autres, qui nous déterminent pour partie. Cette sensation, présente dès l’enfance, a donné lieu à la création de mon projet de diplôme. Il présentait en face-à-face, d’un côté une série de dessins de forêts réalisés au fusain, de l’autre un ensemble d’impressions de bois gravés figurant des maisons.
Depuis, le regard porté sur le moment de l’enfance a changé et, dans le même temps les lieux qui l’ont accompagnée se sont, eux aussi, modifiés. Les traces du temps ainsi que les interactions avec ces endroits ont nourri une approche renouvelée du regard.
La pièce Alice questionne la perception adolescente d’un environnement domestique. Cette installation labyrinthique, initiée en 2011 par une série de dessins, a donné lieu à une deuxième forme neuf ans plus tard, dont des fragments sont présentés dans l’exposition. Souvenirs et plus récemment Seuils entremêlent des représentations d’espaces urbains et végétaux, jusqu’alors représentés de manières dissociées.
En parallèle s’est affirmée une approche graphique plus détaillée (série Au bois - Feu) comme scrutée à la loupe, de ce qui constitue la richesse, la densité, la diversité des vivants de forêts.
En entrant dans la maison, les sensations sont détaillées elles aussi, en regardant les objets, les liens entre les personnes qui en constituent le foyer, leurs mots, changeants et immuables…
Cette promenade fantasmée dans le temps et l’espace, tente de réunir ‘des états d’être’ ou de conscience… ces paysages intérieurs qui nous accompagnent de jour en jour.
DÉMARCHE
En pratiquant la gravure sur bois, le dessin et l’installation, je tente de répondre à la question sans cesse renouvelée : quelle forme donner à l’expérience quotidienne et subjective du temps ?
Dans mon travail, je cherche à révéler avec poésie les strates laissées par les époques et les liens parfois invisibles qu’elles créent entre les individus, les entités, les générations.
En réinterprétant des signes visuels primordiaux (environnement naturel et habitat) je souhaite dévoiler de manière concrète et symbolique, l’épaisseur invisible de cette matière, ses différents états et ses renouvellements.
Le bois, fibre vivante, tient une place éminente dans ma pratique, à la fois sujet et matériau de mes pièces. La résistance de la matière et les gestes répétés nécessaires à la production d’une xylographie symbolisent, à travers les empreintes réalisées pour la création d’estampes, le passage du temps. Avec le dessin sur le motif, j’exprime davantage la fragilité de l’instant. J’utilise essentiellement le fusain, mais aussi l’encre et le crayon, sur support bois ou papier.
J’explore également le potentiel évocateur des lieux dans une forme personnelle d’art in situ, en mettant en scène des visuels, des objets de récupération et des images gravées. Ces éléments entrent en dialogue les uns avec les autres, et composent des précipités plastiques qui interrogent notre regard, sa place et son perpétuel mouvement.
(*) : Les manifestations pouvant être supprimées, annulées, ajournées, prenez contact avec les organisateurs avant de vous déplacer.